Linogravure originale, 30x30cm, blue, numérotée, signée.

Nos bouches ont une histoire, un instinct, un besoin de contact presque vital, dès nourrisson elles permettent la succion, l’alimentation. Se nourrir, se remplir, dans un moment particulier de fusion à l’autre. Elles permettent de sentir la chaleur du corps de l’autre, son grain de peau, grâce à un réseau sanguin et nerveux sensible qui leur confèrent cette couleur plus soutenue. Et si chaque bouche déposée sur autre que moi était une occasion de retrouver cette connexion originelle perdue. Sentir l’autre, le toucher, le goûter, m’y mêler, pour mieux me sentir moi, et reconnaître la part de moi oubliée, perdue, cachée. Avez-vous déjà connu cette confusion, cette gêne, cette peur, d’entrer en contact intime avec l’autre? Et si l’autre ne me veut pas? Ne me renvoie pas mon baiser? Me dit non? La peur d’être rejeté.e, pas désiré.e peut nourrir des présupposés et frustrations si elle est tue. Alors que nos bouches servent aussi à dire, exprimer ses sentiments, ses envies vis à vis de l’autre, ses besoins, ses OUI, ses NON. Pourquoi se limiter à ce que l’autre doit/aurait dû faire/dire? A exiger à l’extérieur ce que nous avons peur de faire? Pourquoi attendre qu’il.elle fusionne avec moi, sache tout de moi? Pourquoi mettre le pouvoir en l’autre? Et si c’était pour se fuir? Fuir ses responsabilités et redevenir ce nourrisson fragile et dépendant de l’autre pour vivre? N’est-ce pas infantile d’attendre que l’autre soit responsable de mon bonheur? Les gestes barrières nous ont donné l’aperçu d’un monde sans contact, sans bouche à regarder, sans chaleur, sans sens. Parler est un antidote. Le plus puissant baiser est celui d’embrasser son entièreté, à pleine bouche.